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LE BLOG DE CYEK

Vues d’Afrique 2015 : un palmarès prévisible

4 Mai 2015, 13:03pm

Publié par CYEK

 Vues d’Afrique 2015 : un palmarès prévisible

Les lampions se sont éteints dimanche 3 mai 2015 en soirée sur la 31 ème édition du Festival International du cinéma africain et créole, plus connu sous le nom de Vues d’Afrique de Montréal.

En proposant 77 films (longs, moyens et courts) dans cinq catégories : Internationale longs métrages ( fiction et documentaires) , Afrique Connexion, Regards d’ici, Droits de la personne, Développement durable… en seulement cinq jours (contrairement à 7-10 auparavant), l’organisation de ce festival est en droit de se satisfaire du résultat global et de s’en réjouir.. Il va sans dire que ce n’était pas gagné d’avance.

La réduction drastique du budget liée à la conjoncture a longuement été évoquée tout le long du festival par sa Directrice Générale Géraldine Le Chêne, et il n’est sans doute par anodin que le choix de la marraine et du parrain de l’édition 2015 se soit porté sur Mme Amina Gerba et M. Pierre Boivin, tous deux issus du monde des affaires, et susceptibles d’attirer leurs consoeurs et confrères à soutenir le festival dans l’avenir. Vues d’Afrique en a grand besoin.

En ramenant le festival à cinq jours, il y avait un risque à ne pas rencontrer le public; ce que la responsable de la programmation Gisèle Kayembe a reconnu à demi-mot : programmer des films à 10h-11h du matin en semaine n’était sûrement pas la meilleure option. Toutefois, le public en soirée a semblé compenser le petit nombre d’irréductibles présents aux premières projections quotidiennes.

Ces difficultés n’ont toutefois pas eu d’effet notable sur la qualité de la programmation dans son ensemble. Comme à son habitude, l’on retrouvé de très bons films : Mörbyassa -Le serment de Koumba-, L'œil du cyclone (hors- compétition),  Danbé, la tête haute (avec Tatiana Rojo, dont nous avions déjà annoncé les grandes chances de gagner le prix d’interprétation)… mais aussi des films moyens comme Les rayures du zèbre. Quelques interrogations : présenter le film The Forgotten Kingdom en compétition alors qu’il a été programmé par un autre festival montréalais (Festival du Film Black de Montréal) en 2013 était-il adéquat ? Et en ce qui concerne la sous-catégorie « Séries » (Afrique Connection), la programmation de Vues d’Afrique devrait réfléchir à sa pertinence relativement au fait que grâce à l’Internet, l’accès aux télévisions africaines à travers le monde - où sont diffusées ces séries - est devenu banal.

Deux pays se sont fait remarqués par leurs productions (ou en co-productions): d’un part le Maroc notamment avec les films The Sea is behind, L’homme au chien, et d’autre part le Rwanda, en raison des nombreuses productions initiées pour la commémoration du génocide, 20 ans après; et qui ont été présentées au cours de ce festival. L’on retiendra de ces nombreux films que « le Rwanda est debout » pour reprendre l’expression de Sonia Rolland, réalisatrice du documentaire Le Rwanda, du chaos au miracle et qui s’est vu remettre le prix Cirteff pour saluer son œuvre, succédant ainsi à la comédienne Aïssa Maïga.

À la fin de chaque édition, il reste toujours une chose que la plupart des festivaliers retienne. Nul doute que pour l’édition 2015, ce sera le Dr. Denis Mukwegwe, ce médecin-gynécologue congolais qui « répare », « reconstruit » les femmes violées, torturées, abîmées par les canons de mitraillettes qui leur sont parfois enfoncées dans le sexe par les hordes de barbares qui sévissent, en toute impunité depuis des années  dans l’est du Kivu en RDC (Congo). Un homme s’est levé pour venir au secours de ces femmes, il se nomme Dr. Mukwege et ses accomplissements et son combat ont été présentés à travesr deux films : Congo, un médecin pour sauver les femmes de la sénégalaise Angèle Diabang et L’homme qui répare les femmes – la colère d’Hippocrate du belge Thierry Michel.

La 31ème édition de Vues d’Afrique aura donc réussi son pari de présenter encore une fois en Amérique du nord ce cinéma africain et créole, tantôt drôle, tantôt dramatique, où toujours se mêlent réalité et fiction; mais où surtout le misérabilisme qui a longtemps été la seule image tend à disparaître pour laisser , enfin voir, l’Afrique d’aujourd’hui, l’Afrique actuelle.

Le palmarès

Sélection internationale Fiction (prix offert par L’OIF

- Long-métrage : The Sea is Behind (Emirats Arabes-Unis / Maroc / France)  de Hicham Lasri

- Court-métrage : Moul Lkelb (L’homme au chien) (Maroc / France) de Kamal Lazraq.

- Mention spéciale : Ma manman d’lo  de Julien Silloray (France)

- Prix de la meilleure actrice (offert par la revue Notre Afrik) : Tatiana Rojo dans Danbé, la tête haute (France)

- Prix du meilleur acteur (offert par la revue Notre Afrik) : Malek Akhmiss  dans The Sea is Behind (Emirats Arabes-Unis / Maroc / France) 

Sélection internationale Documentaires

- Prix OIF : L’homme qui répare les femmes – la colère d’Hippocrate (Belgique) de Thierry Michel. - Mention spéciale est attribuée à Rwanda, la vie après- Paroles de mères (Belgique) de Benoît Dervaux et André Versaille

Afrique Connexion

- Prix OIF meilleur long-métrage : Victorieux ou morts, mais jamais prisonniers (Haïti) de Mario L. Delatour.

- Mention spéciale : Coupé ! Une histoire décalée de Toussaint Aka & Ossita Aneké.

- Prix OIF meilleur court-métrage : Action Figuration ! (Tunisie) de Bilel Bali.

- Mention spéciale :  Le rêve d’Awa (Sénégal) de Yancouba Dieme et Zéna Zeidan.

- Prix OIF meilleure série et feuilleton télé : Eh les hommes ! Eh les femmes ! (Burkina Faso) d’Apolline Traoré.

Regards d'ici

- Prix meilleure production indépendante : Histoire de la banque en Haïti (Canada) de Frantz Voltaire

- Prix de la Relève : Un jour à l’école (Burkina Faso / Canada) de Victor Ghizaru et Mikael Platon.

Droits de la personne

- Prix Droits de la personne (offert par le CIDIHCA) : L’homme qui répare les femmes – la colère d’Hippocrate (Belgique) de Thierry Michel.

- Mention spéciale : Congo, un médecin pour sauver les femmes (Sénégal / RDC / France) d’Angèle Diabang

Développement durable

- Prix Développement durable (offert par l’IFDD) : Avec presque rien (Madagascar) de Lova Nantenaina

- Mention spéciale : Action Afrique verte (Mali / France) d’Éric Rivot.

Tatiana Rojo

Tatiana Rojo

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