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LE BLOG DE CYEK

Benoît Ndong Soumhet, la ségrégation faite homme… à l’Enam !

20 Août 2010, 11:28am

Publié par Cyrille Ekwalla

Le Directeur Général de l’Ecole Normale d’Administration et de Magistrature du Cameroun doit être démissionné par ses supérieurs hiérarchiques pour avoir tenu publiquement des propos ségrégationnistes, susceptibles de mettre à mal l’unité nationale, chère au Chef de l’Etat.
Au moment où nous pensions tranquillement « tourner la page » de l’effervescence politico-médiatique – une effervescence légitime – provoquée par la disparition tragique de Pius Njawé, il aura fallu que ce soit un haut-fonctionnaire qui vienne relancer, non pas le débat comme certains ont eu l’outrecuidance de le dire, mais plutôt la polémique. En effet, le Directeur Général de l’Enam (Ecole normale d’Administration et de Magistrature) a fait publier une « Lettre ouverte », faussement appelée Droit de réponse (*) à l’encontre de Célestin Monga en date du 17 Août dernier. Une réaction aux propos que l’économiste a tenu quelques jours plus tôt, le 13 Août, et publiés dans Le Messager. Les paroles de Célestin Monga qui ont provoqué le courroux du sieur Ndong Soumhet sont celles-ci : « …Et puis j’ai eu pitié de ce petit soldat agité, sous produit de la «négraille» (comme dirait Aimé Césaire) que fabrique l’ENAM, et qui se comporte souvent comme des proconsuls en terre étrangère.. » car dit-il « rien n’autorise (Monga) à parler de l’ENAM sur un ton aussi méprisant ».Et comme il a raison, M. Ndong Soumhet. Si tous les responsables défendaient les administrations ou les institutions nationales dont ils ont la charge avec la même hargne, les camerounais et le Cameroun ne s’en porteraient que mieux.

Hélas, trois fois hélas, la réplique du Directeur de l’Enam, - réplique inadéquate, inappropriée, inopportune de l’Administrateur civil principal «Hors Echelle» - a été une malencontreuse initiative. La forme et le fond n’étaient pas dignes du responsable et serviteur de l’Etat camerounais que devrait être le Dg de l’Enam. Tout au contraire, disons-le, ce fut déshonorant pour l’administration et la fonction publique camerounaise ; ce fut dommage pour l’Enam qui n’avait pas besoin d’une telle « publicité négative » en ce moment, tout ceci du fait de l’impétuosité de son Directeur. En effet, que dit M. Benoît Ndong Soumhet ? Dans sa lettre à Monga, il écrit : « L’intellectuel que vous avez la prétention d’être devrait savoir mesure garder dans l’expression de ses opinions, quelle que soit son émotion. (…) Vous êtes censé savoir que tout ce qui est excessif est dérisoire. ». Malheureusement, deux lignes plus bas, M. Ndong tombe dans les mêmes travers qu’il dénonce chez Monga, à savoir «se laisser guider par ses opinions et par ses émotions » lorsqu’il dit : « … Vous voulez prendre la parole après la lecture du message de condoléances du Chef de l’Etat ? Je suis pourtant certain que vous n’oseriez jamais tousser, quelle que soit l’intensité de l’envie, après que votre modeste Chef de village a simplement raclé la gorge. Voilà donc le Cameroun que votre groupe nous propose et dont vous êtes l’un des porteurs de valeurs. Et les Camerounais tiennent, dès à présent et à travers votre style de communication, un spécimen de ce à quoi ils doivent s’attendre demain: anarchie, injures, excès, morgue, incontinence, arrogance, vanité, hystérie... ». Si ce n’est pas une opinion suscitée par une très forte émotion, qu’est-ce que c’est ?

Le problème qui se pose ici n’est même pas tant que M. Ndong Soumhet ait des émotions. Que lui aussi, tout comme Monga (voire plus) « éructe la haine » ou fasse montre « d’excès verbal »…somme toute il est humain et camerounais… Non ! Là où le bât blesse, c’est que M. Ndong Soumhet, Directeur Général de l’Enam, est soumis à une obligation de réserve, il a une responsabilité et occupe une fonction qui lui interdit l’utilisation de mots ou d’expressions telles que :

« … Voilà donc le Cameroun que votre groupe nous propose et dont vous êtes l’un des porteurs de valeurs. Et les Camerounais tiennent, dès à présent et à travers votre style de communication, un spécimen de ce à quoi ils doivent s’attendre demain: anarchie, injures, excès, morgue, incontinence, arrogance, vanité, hystérie... ». Les camerounais que M. Ndong interpelle à souhait peuvent-ils être édifiés sur le sens ou plus exactement la ou les caractéristiques du GROUPE dont parle ici le Directeur Général de l’Enam ? Un groupe dont Célestin Monga serait « l’un des porteurs de valeurs » et qui nous réserverait « …anarchie, injures, excès, morgue, incontinence, arrogance, vanité, hystérie… » ? À ce que nous sachions, Célestin Monga n’a pas (encore ?) pris de carte au sein d’un parti politique qui concoure à la conquête et à l’exercice du pouvoir au Cameroun ? Sauf si cette information nous a échappé, nous n’avons pas connaissance qu’il veuille se présenter à une quelconque élection ? Alors de quel groupe s’agit-il ? Et quels sont les autres, dont celui de Ndong Soumhet ? Il est étonnant de constater jusqu’à quel point notre désengagement commun a anihilé nos reflexes, notre vigilance, au point de laisser passer « tout » même ce qui nous met en péril dans notre propre essence.

Entendons-nous bien : nous affirmons ici que certains propos de Célestin Monga sont à nos yeux, inacceptables. Quelque soit ce que l’on peut penser de cette Ecole et de l’adéquation des formations qui y sont dispensées, le Cameroun aura toujours besoin d’une école d’administrateurs. Mieux que quiconque, Monga en est conscient. Néanmoins nous pouvons aussi comprendre que la virulence de sa réaction soit à la hauteur, ou proportionelle à la colère justifiée qu’il a ressenti face à la doube humiliation vécue à Babouantou. D’une part la récupération politique par le pouvoir et de l’autre, le refus à l’ultime moment, de dire ses adieux à Pius Njawé. La colère de l’un justifie-t-elle les excès de l’autre ? Nous disons : non.

La différence entre Célestin Monga et Ndong Soumhet se situe dans la fonction. Au Cameroun, Célestin Monga n’a aucune responsabilité administrative, n’exerce aucune fonction élective, n’est pas formateur ou éducateur, etc… Il a de par sa notoriété et quelques actions publiques, acquis une autorité morale et intellectuelle, suffisante pour donner poids et intérêt à ce qu’il fait ou dit. Toujours est-il que sur le plan public, les propos de Monga n‘engagent que sa modeste personne, tandis que ceux de Ndong Soumhet engagent « l’auguste institution qu’il dirige » comme il le dit lui-même. En affirmant haut et fort qu’un citoyen, Monga en l’occurrence faisait partie d’un « groupe » qui réserverait « demain » tous les maux de la terre aux autres camerounais, le Directeur Général de l’Enam, école qui forme les administrateurs de tout le Cameroun, colonne vertébrale de l‘Etat camerounais, a trahi l’un des pilliers de notre nation : la recherche permanente de l’unité nationale ; il a, par ses dires, mis en doute le caractère impartial de l’Enam et mis en lumière l’existence de « groupes » aux intérêts divers (lesquels M. Ndong ?)… En définitive, il a prouvé ainsi qu’il est un ségrégationniste patenté.

Peut-il encore légitimement continuer à occuper ses fonctions à la tête de l’Enam ? Va-t-il être sanctionné pour propos discriminatoires et ségrégationnistes ? Saura-t-on de quel groupe Ndong Soumhet parle ? Et quels sont les autres groupes ? Seule la réaction de ses supérieurs hiérarchiques, dans les jours ou les semaines à venir, nous éclairera là-dessus.
(*) Rappelons à toutes fins utiles qu’un droit de réponse doit être publié ou lu dans le même média qui a diffusé ce à quoi on répond. Dans le cas d’espèce, le Messager. Si votre réponse est diffusée simulanément pas plusieurs autres médias, il ne s’agt plus là d’un droit de réponse, mais d’une lettre ouverte ou encore d’une Tribune.
 
 
 
 
 
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