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LE BLOG DE CYEK

Cameroun : De hauts responsables épinglés par les services secrets américains

23 Juin 2010, 09:37am

Publié par A. Mbog Pibasso (La Nouvelle Expression)

Selon des sources généralement bien informées, un récent « rapport »dont des sources attribuent la paternité aux services secrets américains, et destiné au président de la République, épingle certains hauts responsables de l’administration publique. Le rapport qui les accuse notamment « d’enrichissement illicite » pourrait être précurseur de la relance de la campagne d’assainissement dans la haute administration publique. Parmi les cibles, des ministres et des directeurs généraux des sociétés publiques en fonctions, mais également d’anciens membres du gouvernement et de hauts commis de l’Etat qui se cacheraient derrière des prête-noms pour mener des affaires.

Il s’agit du reste d’une pratique assez répandue dans les hautes sphères de l’Etat. Ils ne sont pas nombreux dans les arcanes de pouvoir, ceux ayant « le courage et l’honnêteté » d’admettre urbi et orbi qu’ils ont des ministres soumissionnaires, comme le fit, il y a une quinzaine d’années, Sali Dahirou, alors ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative. En tout état de cause, il est difficile de savoir le niveau d’implication réelle de certains collaborateurs du chef de l’Etat sans doute au regard de la délicatesse des informations. Toutefois, le rapport se montrerait accablant contre certaines personnalités que d’aucuns ont été souvent citées parmi les victimes de « l’opération épervier ».

Toutefois, parmi des responsables épinglés figurerait en bonne place le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Marafa Hamidou Yaya. S’il est vrai que cet ex proche collaborateur du chef de l’Etat, présenté comme « un baroudeur », n’est pas clairement accusé de détournement de derniers publics - ce n’était pas le seul but de l’enquête -, il serait notamment reproché à l’ancien scribe du chef de l’Etat d’être à la tête « d’un groupe d’entreprises privées » dont la gestion quotidienne reviendrait à des proches. Il en serait ainsi, entre autres, de la société « Azur » basée à Douala, ainsi que des « actions » dans d’autres entreprises, à l’instar de Camrail. Cette dernière option n’est pas méconnue dans les hautes sphères de l’Etat.

La loi du silence

D’après les mêmes sources, la société « Azur » qui compterait, entre autres, pour dirigeants Claude Juimo Monthé, l’ancien président de la Chambre de commerce, d’industries, des mines et de l’artisanat (Ccima), aurait pour principal actionnaire le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale.

Les multiples tentatives entreprises par La Nouvelle Expression pour joindre directement Marafa Hamidou Yaya se sont révélées infructueuses. Des proches ont été mis à contribution, sans succès. Une attitude pour le moins « frileuse » que des observateurs semblent attribuer aux enjeux politiques dans un contexte marqué par des positionnements dans une perspective d’une alternance à la tête du pays. Toujours est-il que dans cette omerta, quelques sources proches du ministre d’Etat ayant, de manière laconique, accepté d’en dire un mot, n’y voient autre chose qu’une « tentative de déstabilisation du ministre d’Etat qui jouit de la haute confiance du président de la République». Sauf que dans cette quête pour démêler l’écheveau, l’information présentant le ministre comme actionnaire majoritaire n’a pas été non plus infirmée au sein de l’entreprise.

Pour nombre d’employés qui connaissent la proximité entre Marafa Hamidou Yaya et le directeur général de la société « Azur », Nana Bouba, on commence sans doute à comprendre pourquoi « le bureau du directeur général est orné quasi uniquement des portraits de Marafa, et non ceux du chef de l’Etat comme voudrait l’usage », ironise-t-on. Il n’en fallait pas davantage pour que d’aucuns en viennent à conclure que la récente déclaration du vice-Premier de la Justice, Amadou Ali, invoquant une cinquantaine de dossiers sous le coup de « l’Opération épervier » pourrait concerner de grosses baleines dans la hiérarchie de l’Etat.

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