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LE BLOG DE CYEK

Michel Lobe Ewane : Obsédé du journalisme

1 Septembre 2012, 11:58am

Publié par Emmanuel Gustave Samnick (L'Actu)

MLE.jpgLe rédacteur en chef du nouveau Forbes Afrique cumule déjà une expérience multiforme.Quand on lui pose la question de savoir si l’un de ses rejetons est sur ses traces, le journaliste camerounais Michel Lobe Ewane (MLE) répond spontanément, ajustant des lunettes d’intello posées sur un visage éternellement juvénile : "Honnêtement, je n'en sais rien. Mon fils ainé qui est adulte est sur une autre voie. Ma première fille qui a 13 ans écrit très bien et est passionnée d'écriture et de lettres comme moi. Qui sait? A son âge, je savais déjà ou je prétendais que je serai journaliste. Mais moi, c'est moi ". Ses deux dernières filles sont encore toutes petites pour esquisser les traits d’une future carrière. Mais lui, comme il le dit lui-même, n’a pas attendu le nombre des années pour savoir qu’il fera le métier de journaliste.

Celui qui est depuis quelques semaines rédacteur en chef délégué de Forbes Afrique, la déclinaison africaine en français du célèbre magazine américain, rêve en effet du journalisme depuis sa prime adolescence : " C'est depuis la classe de 5ème que je me suis mis en tête que je serais journaliste. J'avais 13 ans et j'adorais faire des reportages sportifs comme à la radio lorsque mes amis jouaient au foot. J'étais un admirateur d'Abel Mbengue sans doute le meilleur reporter sportif que le Cameroun ait connu. J'adorais également écouter Henri Bandolo qui avait beaucoup de talent, d'intelligence et l'audace de critiquer les politiques de l'époque alors qu'on était encore sous un régime de parti unique. Lorsque j'avais 14 ans, en classe de 4ème, j'ai créé mon premier journal, un journal sportif, "Football panorama". J'utilisais des crayons couleurs pour dessiner la maquette et je découpais des photos du magazine Onze que je collais sur mon journal, tiré à 1 exemplaire que tous les copains s'arrachaient. J'étais l'unique journaliste et je racontais nos exploits personnels et parlais des stars camerounaises de l'époque : Léa, Ndoga et Ndongo, Emmanuel Mvé du Canon de Yaoundé qui venait de gagner sa première coupe d'Afrique ".

Comme bon nombre de ses confrères camerounais, c’est donc sur les bancs de l’école et en jouant au reporter sportif que MLE effectue ses premiers contacts avec le journalisme. Admiratif, comme on le voit, de deux icônes de ce métier au Cameroun, Abel Mbengue et Henri Bandolo, et plus tard du Tunisien Béchir Ben Yahmed. " Comme patron de presse et journaliste, son itinéraire, son action, sa vision du monde et de l'Afrique sont remarquables. J'ai d'ailleurs réalisé un documentaire sur le groupe Jeune Afrique en 1995 qui a été diffusé à l'époque sur TV5 et Planète TV ", relate-t-il.

Mais c’est en France que l’aventure professionnelle commence véritablement pour ce produit de l'Institut Français de presse. Ses premiers pas de journaliste à Paris sont alors ceux d’un freelance, qui fait des piges à MFI, l’agence de presse du groupe de Radio France Internationale (RFI). Une belle expérience qui l’a marqué et qui était sans doute fondatrice d’une belle carrière : " J'avais signé un papier en 1986 qui annonçait que Wole Soyinka aurait le prix Nobel de littérature et une semaine après il était couronné ".

Il se souvient aussi, à cette époque, de ce grand reportage exclusif sur la montée de l'islam intégriste au Sénégal que MFI avait refusé de publier et que le jeune journaliste ambitieux est allé proposer au Monde Diplomatique " qui l'a mis en accroche de "une" et je suis devenu un collaborateur de cette publication prestigieuse à 25 ans ". Il reconnaît que cette aventure avec ‘’Le Diplo’’ lui a ouvert plein de portes. Il est par exemple allé en reportage pour Le Monde Diplomatique au Nigeria où il a vécu en direct le coup d'Etat du général Babangida en 1985.

Michel Lobe Ewane relate ensuite, avec un mélange de fierté et de déception, ses années Jeune Afrique Economie (JAE). " J'ai interviewé des hommes politiques qu'il était rare d'avoir comme Paul Biya lors d'un visite d'Etat à Bruxelles, Charles Taylor qui était encore un chef rebelle redouté, Sasagawa un des hommes les plus riches de la planète. Mais j'ai été dégouté du journalisme à JAE à cause de l'overdose de publi-reportages. J'étais le journaliste le plus censuré en interne car je ne supportais pas la politique éditoriale de Blaise Pascal Talla dictée par les relations avec les pays finançant les publi-reportages. Et j'ai fini par démissionner comme plusieurs autres bonnes plumes de l'équipe ", se souvient-il, un brin amer.

Il aura plus de raisons de se réjouir de son expérience à la télévision, lui qui estime que ses années TV5 on été passionnantes. Et de citer des reportages télé partout en Afrique, en Afrique du Sud où il a notamment interviewé Desmond Tutu, au Ghana où il réalise une interview avec Jerry Rawlings " un chef d'Etat qui me passionnait ".

Et que dire de l’expérience radiophonique à la BBC ? " Ce fut une des périodes les plus intenses de ma carrière. J'ai découvert que l'Angleterre était un pays adorable. Je suis rentré au Cameroun mais mon coeur est toujours à Londres car ma femme et mes enfants y sont toujours ".

Un retour au pays natal amorcé en 2009 que d’aucuns présentent comme un échec à la direction générale de la South Media Corporation (SMC), la société éditrice du premier quotidien privé camerounais Mutations. Il reconnaît lui-même que " les années Mutations furent très difficiles. Mais j'aime mon pays en dépit de tout et je ne remercierais jamais assez Protais Ayangma de m'avoir associé à l'aventure de Mutations. J'aime ce journal, plus encore sans doute aujourd'hui parce que j'ai partagé son aventure dans une période difficile, une période de crise. Une part de moi y restera toujours. Je m'étais promis de contribuer à faire de SMC et Mutations une entreprise de presse moderne arrimée sur les évolutions de ce 21ème siècle. Eh! bien je suis toujours engagé dans ce pari et je suis convaincu que nous le gagnerons. Mais aujourd'hui j'ai un nouveau défi : celui de faire de Forbes Afrique un succès éditorial et commercial ".

Surprenant de la part de celui qui a démissionné du poste de DG de la SMC mais rassure que la page Mutations n’est pas tournée : " je reste directeur du pôle Multimédia au sein du groupe pour tout ce qui concerne internet et nouveaux médias. Mon pari de faire entrer Mutations et la SMC dans l'ère du multimédia est en cours et le PCA, Protais Ayangma, est le parrain secret de cette ambition ".

Décidément, M. Lobe Ewane, journaliste indécrottable, a l’art de réaliser des grands bonds et des rebondissements. Comme dans un match de football, ce sport qu’il aime regarder à la télé, il sait alterner les bons et les mauvais moments. Ce passionné de lecture sait aussi profiter de l’air pur des flancs du Mont Fébé où il va souvent faire du jogging quand il séjourne à Yaoundé.

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