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LE BLOG DE CYEK

Mme Kah Walla : « Oui, ma candidature pour la présidentielle de 2011 est envisageable ! »

18 Octobre 2010, 06:57am

Publié par Cyrille Ekwalla

Kah WallaLa présidente de l'association citoyenne "Cameroon ô bosso" a déclaré au cours de mon émission « Njangui Presss » dimanche 17 octobre, sur Cameroon-Info.net  qu’elle prendrait probablement part à l’élection présidentielle de 2011. Voici des extraits de l’entretien ...

Mme Kah Walla, on vous connaît comme une femme de terrain, qui aurait donc pu se retrouver dans n’importe quel parti. Pourquoi le SDF ? Qu’est-ce qui vous a séduit au SDF ?

Il faut d’abord préciser que mon militantisme politique a commencé bien plus tôt que mon engagement partisan. Lorsque je retourne au Cameroun en 1989 après mes études, le Cameroun est en pleine mutation et je me positionne très clairement dans la mouvance des Forces qui veulent le changement. Et on a mené un combat qui ne s’est malheureusement pas terminé comme on le souhaitait. Alors comme beaucoup de camerounais, j’ai estimé que la politique partisane n’est pas pour moi et je me suis tournée vers mon entreprise et à travailler avec les associations, les groupes à la base. Mais il y a une chose qui m’a séduit et me séduit encore, c’est le slogan « Power to the people ». C’est ma conception de la politique, c’est-à-dire que dans tout groupe humain, le pouvoir doit être détenu par la base, par les gens, par le peuple. Vous savez, le SDF nous a fait rêver dans les années 90…et la dernière fois que cela s’est vu c’était au cours des luttes pour l’indépendance.  Cette conception du pouvoir est totalement différente de ce qu’on voit aujourd’hui au Cameroun où l’on est face à un pouvoir élitiste, un petit groupe de personnes qui exerce le pouvoir sur tout le monde sans rendre des comptes, sans prendre des avis, etc… Ce qui continue à me séduire comme construction du pouvoir, c’est donc le « Power to the people ».

Vous êtes à la tête de l’association « Cameroon o Bosso ». Qu’est-ce que cette association apporte au SDF ? Et d’autre part, votre engagement politique et votre travail auprès des masses, passent-t-ils nécessairement par une fonction élective ?

En fait, quand j’ai été élue en tant que Conseillère municipale à Douala 1er ,  je me suis rendue compte dans le contexte politique camerounais qu’il est très difficile d’engager les gens sur une voie partisane sans que cela pose problème(…) C’est-à-dire que le label du parti est trop fort et freine beaucoup de monde. Et pourtant, je suis convaincue qu’il faut que les gens s’engagent politiquement, qu’ils s’intéressent à la gestion de la cité, s‘occupent de savoir comment leur pays est dirigé. Il faut qu’ils s’engagent pour jouer au moins leur rôle minimal, celui de citoyen. C’est la raison pour laquelle j’ai créé cette association Cameroun o Bosso. Amener surout les femmes e lesjeunes à s’engager politiquement. Il ne s’agit surtout pas d’un organe annexe ou affilié au SFD. Mais il est aussi important de noter que cette association a des membres qui appartiennent à différents partis politiques : UDC, UPC, NODYNA… Mboua Massock est membre de Cameroon o bosso…

…Y a-t-il des gens ppartenant au RDPC, Mme Kah Walla ?

Bien sûr, par exemple le député Ayah Abine est membre de Cameroun o Bosso… Nous nous positionnons clairement, sans ambiguité, pour le changement du système de gouvernance qu’on a actuellement au Cameroun. Donc pour adhérer à l’association, il faut avoir cette position et qu’elle soit clairement affichée. Mais nous sommes plus de 500 membres à travers le Cameroun et a grande majorité de nos membres n’appartiennent pas à un parti politique.

Un de vos principes est la primauté du système sur l’individu…Est- ce que votre position actuelle n’est pas en contradiction avec ce principe ?

Pas du tout ! Cette notion est très importante à mes yeux. Pour moi, il s’agit de dire qu’aucun individu ne devrait ni kidnapper le système, ni devenir indispesable. Donc, la volonté de l’ensemble doit primer. Maintenant je le vois de deux manières : vous pouvez en effet dire qu’au sein du SDF, il y a une position de la majorité et moi je ne me plie pas à cette décision-là. Mais la question est : pourquoi ? C’est tout simplement parce que, pour moi, il y a un ensemble, encore plus grand qui est en jeu. Et cet ensemble, c’est le Cameroun. Ma lecture est simple : nous avons tous, je dis bien tous,  intérêt à opérer un changement pacifique au Cameroun en 2011. C’est un pays dans lequel il y a des tensions souterraines énormes en ce moment, le niveau de frustration est tellement élevé qu’il présente un risque d’implosion, un risque pouvant amener certaines personnes à vouloir ce changement par d’autres voies, comme celle de la violence. Le problème avec la violence étant qu’on sait comment cela commence, mais pas comment ça se termine. Et la citoyenne que je suis, est convaincue qu’il faut tout mettre en oeuvre pour procéder à un changement par les urnes en 2011. Et cela commence avec l’inscription sur les listes électorales. (…) Précisons que la position du SDF est : « on ne demande pas aux gens de s’inscrire ; on ne leur demande pas non plus de ne pas s’inscrire ». Et ma position, à moi, est claire : « il faut aller plus loin ». Pour obtenir gain de cause, il faut que les gens s’nscrivent, parce que ce n’est qu’ainsi, qu’ils se mettent dans le processus politique. Et ce n’est qu’en tant qu’acteur ou actrice « plein » qu’on peut espérer influer sur ce processus, qui, - et là-dessus, je suis sur la même longueur d’ondes que mon parti-, a besoin d’être réformé, parce que c’est un mauvais processus. Mais je suis aussi convaincue que la solution pour mettre la pression sur ce processus, ce système, n’est pas de se mettre à l’écart. (…) C’est donc cela qui fait la différence entre la position du parti et la mienne.

Il y a un peu plus d’un an, vous trouviez qu’ELECAM avait un problème de légitimité et de crédibilité ; qu’est-ce qui a changé pour que vous fassiez confiance à cet organe aujourd’hui ?

Je ne fais pas du tout confiance à Elecam. Il ne répond toujours pas à ces critères de légitimité et d e crédibilité. Et les problèmes sont à trois niveaux : politique par rapport à la composition du conseil électoral ; juridique parce que certaines lois ont été bafouées et ne sot pas respectées ; et, plus grave, un problème technique parce que malgré toutes les promesses, Elecam continue de procéder aux inscriptions à la main et ilne semble pas avoir d’informatisation en vue. Presque tous les pays africains utilisent la biométrie pour éviter au maximum les fraudes, or Elecam n’envisage même pas cette éventualité … Donc il y a beaucoup de problèmes et je ne demande pas aux gens d’aller s’inscrire parce que Elecam est bien… Non ! Mais nous avons besoin de nous inscrire afin de rentrer dans ce système, de surveiller Elecam, de contrôler Elecam, de s’assurer que Elecam travaille comme il se doit. Et on ne va pas le faire en restant à l’écart.

Dans votre tribune du 13 Octobre dernier, vous incitiez les gens à se poser les questions : « Dans la société actuelle, quel mon rôle ? Quelle est ma tâche ? ». Je vous retourne la question : quel est votre rôle, Mme Kah Walla ?

Je pense que je l’exerce déjà. Il s’avère que je fais partie de celles et ceux qui ont un engagement politique qui leur permet aujourd’hui de jouer un rôle de leadership face à ce rendez-vous de notre histoire en 2011. Donc mon rôle, ou la tâche que je me suis assigné est de donner, après analyse de la situation, aux camerounaises et aux camerounais des orientations par rapport à l’action qu’on doit mener pour qu’enfin on obtienne ce changement en 2011. Et la première orientation est de s’engager. Les camerounais sont un peu trop dans une posture d’observation. Je reçois des centaines de messages de félicitations, d’encouragements de partout dans le monde. C’est bien, mais ce n’est pas assez pour moi. On doit se mettre en action. (…) Je suis consciente que ce n’est pas simple. Peut-être aIlons-nous devoir marcher dans quelques semaines pour réclamer  nos cartes électorales, réclamer au moins une informatisation du système ; peut-ête allons faie un sit-indevant Elecam, (…) On aura probalement encore des desentes dans la rue comme on le fait en ce moment pour inviter les gens à s’inscrire… Il y a beaucoup de choses à faire et on doitles faire parce qu’il faut mettre pression sur ce système.

Vous avez parlé de votre rôle qui vous permet aussi d’analyser la situation ; croyez-vous sincèrement à une alternance par les urnes ?

Je crois que l’alternanace est possible par les urnes uniquement si les camerounaises et les camerounais le garantissent pour eux-mêmes. On a vingt ans d’expérience pour cela pour ne pas confier l’organisation et la gestion des élections à M. Biya et à Elecam qu’il a taillé à sa mesure et espérer qu’en écrivant des lettres ou en faisant appel à la communauté internationale, on aura de bonnes élections au Cameroun. On aura de bonnes élections seulement si les camerounais entrent dans le jeu et mettent tout en œuvre pour mettre pression sur le système et s‘assurer ainsi que leurs voix seront entendues.

Vous avez été la première à évoquer la possibilité d’une candidature SDF autre que celle de John Fru Ndi ; une candidature Kah Walla est –elle envisageable pour l’élection de 2011 ?

Certainement ! Elle est en discussion.  Certainement, elle est envisageable. Et si c’est ce que nous désirons tous, il faut se donner les moyens de l’obtenir et que cela aboutisse.

Donc une candidature Kah Walla en 2011 est envisageable et probable ?

Envisageable et probable, certainement oui !

 

Ps : cet entretien a été enregistré vendredi 15 octobre, quelques heures avant le passage de Mme Kah Walla devant le Conseil de discipline du SDF. Et dont voici les résolutions :

Selon les indiscrétions, il ressort  des résolutions finales que le conseil de discipline a fustigé fermement ses déclarations intempestives publiques contre  les directives du parti en rapport avec  les inscriptions sur les listes électorales.  Après confrontation des chiffres, le conseil a confirmé la gestion opaque  et unilatérale des fonds qu’elle a levés à l’occasion des législatives et municipales 2007 dans le cadre du « fund rising », alors qu’elle devait être assistée de deux camarades du parti pour gérer le pactole. Elle a été par conséquent condamnée à restituer 29 millions de F Cfa au parti. Entre temps, elle est suspendue de toutes ses fonctions à l’intérieur du parti et elle dispose de 10 jours, à compter de la date du conseil,  pour démissionner de « Cameroun Ô Bosso », l’organisation non gouvernementale dont elle est  présidente, si elle veut continuer à militer dans le Social Democratic Front.  (La Nouvelle Expression 17/10/10)

 

 

 

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