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LE BLOG DE CYEK

Régime du Renouveau National: Intrigues d'appareil, Manigances de cour et luttes d'influence

4 Janvier 2011, 17:59pm

Publié par Cyrille Ekwalla via LNE

Pres2011Cyrcom.jpgLes luttes de prépondérance, de prédominance et de préséance se manifestent de manière de plus en plus aigre et aigue entre les barons et les baronnies dirigeants et gouvernants qui font pourtant tous allégeance au Prince-Président en tant que Chef suprême et central de l’Etat. Une telle situation souligne combien le système gouvernant et dirigeant de l’Etat présidentiel de pouvoir perpétuel qui prévaut concrètement au Cameroun, développe une forte propension aux rivalités intestines. De nombreuses intrigues sont jouées et montées qui révèlent comment la dramaturgie politique écrite et produite par les acteurs des classes dominantes présidentialistes (…) s’inscrit dans une scénographie principalement factionnelle et sectionnelle. Où l’on voit que les rivalités accentuées et aiguisées entre les barons et les baronnies du Régime du Renouveau participent d’une dramaturgie dans laquelle le théâtre politique qui organise la société présidentialiste de cour, donne lieu à des adaptations et réinventions bantoues d’un répertoire cynico-tragique machiavélien et shakespearien.

 

Dans les luttes qui les opposent, les seigneurs et seigneuries de l’ordre gouvernant néo-patrimonial et libido-patrimonial autant que néo-colonial et endo-colonial camerounais (ordre formé par le Renouveau National), n’ont aucun scrupule à utiliser tous les moyens et ressources susceptibles de porter de rudes coups de boutoirs aux factions concurrentes. Dès lors, on ne saurait être surpris que les manigances et manipulations qui sont orchestrées dans et par ces luttes, fassent alors recours à des intrigues politico-journalistiques principalement destinées à attaquer des acteurs rivaux et adversaires. On ne s’étonnera pas alors que le développement ou le déploiement d’une telle Industrie de l’Intrigue factionnaliste et sectionnaliste installe une ambiance permanente  de chasse aux sorcières au cœur du régime du Renouveau. Si les luttes factionnelles et sectionnelles récurrentes entre les cénacles et cercles dirigeants du Régime du Renouveau National piloté par le pontife présidentiel Biya révèlent une atmosphère parafasciste -faisant toujours craindre même de manière fantasmatique- une nuit des longs couteaux, les jeux d’intrigues et de brigues ne sont pas des inventions politiques brevetées de ce régime.

 

La formation étatique camerounaise observée en ses différentes compositions et configurations dirigeantes sous les régimes centralistes- présidentialistes conduits par Ahmadou Ahidjo et Paul Biya, n’a effectivement pas le monopole du byzantinisme politique. C’est que dans toutes les configurations politico-systémiques dans l’espace et dans le temps, le processus du pouvoir met toujours en scène et en acte des frictions et tensions entre les acteurs-clés des équipes dirigeantes et gouvernantes engagés au sein de l’appareil politique contrôlant les commandes décisionnelles dans des formes variées de compétition interne pour la maîtrise de l’autorité et de l’influence. Même si l’ordre politique et institutionnel camerounais hégémoniquement commandé par le régime du Renouveau placé sous la Providentialiste et Présidentialiste Guidance du Magistrat Suprême Paul Biya n’a pas le monopole des luttes factionnelles, on ne saurait y négliger la place décisive des arts du grenouillage clientélaire- élitaire. Autrement dit, l’appareil gouvernant du Renouveau National héberge avec une hospitalité certaine des barons et baronnies fort versés dans l’Industrie et l’Ingénierie Politiques des Manigances et Manipulations de Machine. Cela est dû au fait que la formation socio-étatique qu’est la République du Cameroun apparaît comme une figuration exemplaire et paradigmatique des hégémonies souveraines et sociétales d’Afrique postcoloniale posées en collectivités étatiques infestées par une politique clientéliste généralisée.

 

La technologie gouvernante et dirigeante du leader central présidentiel Paul Biya et des classes présidentialistes qui l’accompagnent dans sa carrière de Magistrat Suprême Princier-Viager, recourt beaucoup à la cooptation de réseau à travers laquelle différentes coteries sont associées au Bloc Etatique Gouvernant posé en Bloc Central Hégémonique. Depuis l’époque de la Guidance Présidentialiste d’Ahmadou Ahidjo jusqu’à celle de Paul Biya, le système de patronage et de parrainage qui est au cœur des luttes de cooptation a toujours fonctionné de manière à favoriser la compétition entre les élites cooptées pour l’accès déterminant à la Digne et Haute Confiance du Maître Central Etatique. C’est en ce point que l’on peut trouver la source principale des rudes et sévères luttes auxquelles se livrent les différents réseaux d’influence et de connivence constitués par des barons et des baronnies associés dans des chaînes néo-seigneuriales, néo-féodales et néo-alléodales d’action qui se disputent  la confiance de l’Empereur Présidentiel.

 

Déjà vu ! 

Les luttes actuelles qui opposent les barons et les baronnies du Renouveau ne sont pas des affrontements inédits. Il s’agit plutôt de l’actualisation singulière ou de la réactualisation régulière de la conflictualité intra-régime qui résulte du choc des instincts, intérêts et inspirations des différentes coteries gouvernantes et dirigeantes et de leurs chefs de file ou têtes de brigue. Bien entendu, ces luttes se sont enrichies avec l’installation d’une presse (présumée) libre et indépendante dont nombre d’organes se font souvent les véhicules de convoi ou de lancement qui sont utilisés pour effectuer les opérations politico-journalistiques vouées à attaquer les barons concurrents et les baronnies rivales. De telles pratiques d’instrumentalisation clientéliste des organes de presse dans la guerre para-psychologique et pseudo-idéologique que se livrent les coteries du Renouveau ont commencés au milieu des années 1990. Déjà, dans les années 1992 à 1999, on a vu des organes de presse s’engager dans des guerres de coteries et des batailles de seigneurs opposant des réseaux ordonnés autour des Grands Barons du Régime ou mettant en scène des animosités entre Grands Dignitaires. Dans le cadre de telles luttes au sein de la Privilégiature et de la Nomenclature Dirigeantes du Renouveau, Evoquons les attaques récurrentes contre des Grands Barons tels que Joseph Owona, Edouard Akame Mfoumou, Gilbert Andze Tsoungui, Augustin Kontchou Kouomegni, Titus Edzoa, Pierre Désiré Engo. Signalons aussi les tensions inter-élitaires entre les Grands Seigneurs du Régime souvent liées à des luttes d’influence. (Gilbert Andze Tsoungui contre Basile Emah, Joseph Owona contre Antoine Tsimi, Marcel Niat Njifenji contre Augustin Kontchou Kouomegni, Titus Edzoa contre Joseph Owona ou Edouard Akame Mfoumou, Pierre Désiré Engo contre Edouard Akame Mfoumou ou Joseph Owona, Amadou Ali contre Edouard Akame Mfoumou, etc). On voit ainsi que les luttes entre barons relayées par les organes de presse ne sont pas nouvelles.

 

Presse manipulée et tensions  inter-élitaires

Pour comprendre les rivalités actuelles entre barons et baronnies du Renouveau qui sont relayées par la presse, évoquons seulement les attaques orchestrées contre Edouard Akame Mfoumou entre 1999 et 2001 (surtout lors de l’affaire des tracts) ou Joseph Owona en 1993-1999 (avec notamment la controverse autour d’une interview de Ndzana Seme) ou 2001-2003 (avec une longue campagne d’attaques dans le journal « La Tribune de l’Est »). On peut aussi évoquer les luttes par médias interposés qui vont se dessiner entre 2001 et 2007 à partir de l’animosité factionnelle entre les coteries respectives d’Amadou Ali et de Rémy Ze Meka, ou celles à laquelle entre les Anciens (quinquas) et les Nouveaux ou Quadras au sein des Barons Fang-Beti du pouvoir autour des mésententes entre Joseph Owona  et une part et Jean Marie Atangana Mebara et Grégoire Owona de l’autre entre 2001 et 2004 (avec l’affaire de Nkolbewa comme pic d’hostilité ). Les organes de presse dans leur grande diversité fournissent donc aux élites dirigeantes du système étatique néo-patrimonial et néo-colonial composant l’appareil gouvernant du Renouveau, des scènes supplémentaires d’affrontements et de rivalités autour de l’hégémonie clientéliste.

 

C’est dans le sillon ainsi tracé depuis les années 1991-1997 qu’il faut situer les nouvelles configurations de lutte esquissées dans les années 2000 à 2010 dont les oppositions entre Laurent  Esso et René Sadi, Laurent Esso et  Martin Belinga Eboutou, René Sadi et Grégoire Owona ou Jacques Fame Ndondo apparaissent dans les perceptions et/ou les faits comme les expressions actuelle. Ces luttes actuelles dans lesquelles les factions élitaires en concurrence instrumentalisent les organes de presse en suivant d’autres comme celles qui se sont nouées dans les intrigues politico-médiatiques ayant opposé entre 2004 et 2007 d’autres Grands Dignitaires telles que Edgard Mebe Ngo’o et Remy Ze Meka, Edgard Mebe Ngo’o et Polycarpe Abah Abah ou Remy Ze Meka et Polycarpe Abah Abah. Ces rappels historiques et chronologiques montrent que l’industrie de « l’intrigue et l’ingénierie de la brigue » qui caractérisent le fonctionnement des Elites d’Appareil et de Cour qui font allégeance à la Gouverne Eternitaire et Immunitaire du Leader central étatique n’ont pas été inventées à l’occasion des rivalités de coteries et d’écuries  élitaires entre les baronnies liées à René Sadi ou Laurent Esso ou à Amadou Ali et Marafat Hamidou Yaya. Où l’on voit alors que les couches présidentialistes usant de leurs moyens de puissance et d’influence, et de leur argent ou de leur entregent, ont opportunément pu et su mobiliser des organes de presse de différents calibres pour commander des attaques politico-médiatiques contre leurs rivaux ,adversaires et ennemis liés aux autres coteries dominantes et dirigeantes appartenant à l’Elite néo-monopoliste et néo-oligopoliste de privilège du Renouveau. C’est ainsi qu’il faut comprendre les attaques nouées contre certaines factions autour des nébuleuses G11 et Groupe Brutus.

 Les attaques qui sont préparées et menées par presse interposée contre les barons et les baronnies constituant les factions rivales des coteries commanditaires de ces intrigues politico- journalistiques, montrent comment l’élite dirigeante du Renouveau National est travaillée et traversée par de profondes dissensions. Elles révèlent la paranoïa conspiratrice et manipulatrice qui a saisi de nombreux hiérarques et oligarques du pouvoir qui se mènent une véritable guerre secrète faite de manipulations clientélistes et de machinations pouvoiristes. Cette hostilité sournoise et hypocrite apparaît dans des manœuvres et manigances aussi nauséeuses que ténébreuses où les organes de presse sont grassement stipendiés et rétribués pour être les organes politico-médiatiques d’exécution de manipulations et machinations aussi silencieuses que mystérieuses qui sont confectionnés par des officines brillant dans l’art de l’intrigue pouvoiriste et clientéliste. Bien évidemment, cette hostilité installe la prévalence d’un esprit politique dominé par de véritables postures de sorcellerie. En pratiquant à foison un art politique et gouvernant mêlant le cynisme bantou et le méphistophélisme goethique, les élites dirigeants du Renouveau montrent leur appétit intrigocratique et mystocratique pour une politique des coups tordus et des coups bas opérée à travers le recours à l’anathème et au blasphème médiatiques politiquement commandités contre les baronnies et barons abhorrés. On voit de telles dispositions dans les attaques à forme sorcière et sorcellaire à travers lesquelles des Barons Ascendants et Installés manipulent des organes de presse pour attaquer des Grands Barons Déclassés et/ou Démotivés pour empêcher que l’Empereur  Présidentiel ne ramène ces derniers au-devant de la scène gouvernante et institutionnelle. Evoquons seulement ici comment des baronnies bien installées ont usé récemment de la presse pour s’attaquer à tort ou à raison aux seigneurs du système en retrait et en réserve que sont Edouard Akame Mfoumou ou Joseph Owona accusés de s’attaquer à Paul Biya pour avoir fait des observations aigres et âpres à René Sadi lors des dernières consultations menées par le SG du Rdpc en septembre 2010. Les manœuvres, manigances et manipulations opérées par les seigneuries et seigneurs dirigeants liés au régime du Renouveau dans la guerre silencieuse qu’ils se mènent au moyen d’attaques politico-médiatiques sournoises dominent désormais l’essentiel de la démarche de nombre de ces élites de pouvoir qui affectionnent la posture politiquement sorcière d’opérateurs de pouvoir versés dans le machiavélisme de brousse et de savane. On ne sera alors pas étonné que de telles pratiques manipulatrices et conspiratrices favorisent et facilitent l’installation durable d’une ambiance de chasse aux sorcières dans une élite où l’homme de pouvoir et d’influence est (devenu) un loup-garou pour l’homme de pouvoir et d’influence. La compétition entre les élites systémiques et stratégiques du Renouveau National ainsi orientée devient une véritable lutte entre des prédateurs qui transforment la République en Jungle.

 

(À suivre…)

 

L’auteur de cette Tribune est Mathias Eric Owona Nguini - Socio-politiste camerounais

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A
<br /> ces luttes et intrigues ne sont pas uniquement des fait du Cameroun, aucune république au monde ne peut se prévaloir ne pas connaitre ces fléaux. c'est le vice de tout pouvoir.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Tout à fait d'accord avec vous, Ayité. Il faut juste ajouer que ce que l'auteur veut mettre en avant, c'est la récurrence de ces comportements, d'où le rapprochement avec les luttes d'antan<br /> entre "barons" du régime. En d'autres termes, il s'agit de ne as s'étonner de ce qui se passe actuellement. C'es du "déjà vu". <br /> <br /> <br /> <br />